26/04/2022
Jacques Perrin
Jeudi, en triant mes papiers, je retombe sur le dossier de presse du documentaire Les saisons. J'interromps alors mon ménage de printemps pour me plonger dans ce souvenir si agréable. Quelques heures après, j'apprends que le réalisateur du film est décédé.
Je me rappelle de cette séance de ciné en 2016, dans un hôtel somptueux de la capitale, et surtout de la rencontre avec les membres de l'équipe. J'assistais à l'époque à beaucoup de projections et interview, encore plus lorsque j'étais journaliste ciné, et quand on les enchaîne toute la journée, que le film nous a déplu, que les débats s'éternisent, on a parfois hâte de rentrer chez soi. Ce soir-là, le Q&A avait été particulièrement long, plus d'une heure, mais j'aurais pu rester toute la nuit. Car un intervenant éclipsait les autres, rayonnait par sa présence, son charisme, son élocution, sa voix douce, son humilité, son humour, et ses propos si justes et passionnants. C'était Jacques Perrin.
Il était le réalisateur et producteur du film. Il nous a expliqué la prouesse de tourner des documentaires animaliers, la patience infinie que le genre requiert : des années de tournage, ici 5, pour un film de 2 heures. Comment font-ils pour suivre au plus près les bêtes sauvages, comme des lynx par exemple ? Jacques Perrin nous a révélé qu'ils filmaient les animaux dès leur naissance, pour les habituer à l’homme.
Et lorsqu'on voit des animaux en mauvaise posture, comme dans Les saisons, le hérisson tué par le hibou grand duc ? Perrin nous a répondu avec humour : « vous vous doutez bien qu’on n'allait pas sacrifier un animal que l’on connaît depuis sa naissance et qui nous prend pour ses parents » L'oiseau n’attrapait en fait qu’un leurre.
Grand défenseur de la nature et des animaux, Jacques Perrin était un pionnier dans le film documentaire de grande envergure, diffusé en salles et pas seulement à des heures indécentes sur des chaînes sans audimat. Voir pour la première fois un documentaire animalier sur grand écran, ses images et cette musique somptueuses, a été un grand choc pour moi. C'était Le peuple migrateur, en 2001. C'était la première fois que j'étais aussi émue devant un film, à la fois éblouie, mais aussi révoltée et triste (les oiseaux englués dans le pétrole, celui enfermé dans une cage qui voit ses copains s'envoler, celui qui parvient à s'enfuir, et ceux qui ont traversé des continents entiers pour se faire buter à leur arrivée par les premiers écologistes de France les chasseurs.)
Pendant des mois, j'ai écouté la musique magnifique de Bruno Coulais, dont "To be by your side" de Nick Cave♥. Aujourd'hui, je l'ai mise à nouveau en boucle en pensant à Jacques Perrin, en allant au parc voir si les oeufs de la cane qui couve depuis des jours ont enfin éclos. Mais la brave maman est toujours en place, immobile, à réchauffer ses petits. J'ai écouté toute la bo du peuple migrateur en guettant le retour de la fauvette. Ce petit oiseau de 20 grammes parcourt chaque année des milliers de km puis revient au printemps au même endroit. Un exploit qui m'éblouit.
Every mile and every year
For every one a little tear
I cannot explain this, dear
I will not even try
Jacques Perrin a également réalisé d'autres bijoux du documentaire animalier, comme Océans, et produit Microcosmos, le peuple de l'herbe. C'était un producteur opiniâtre et engagé, non seulement pour la cause animale, mais aussi pour les droits de l'homme. Il a ainsi produit d'autres films chocs de mon adolescence, Z de Costa Gavras, et La victoire en chantant de Jean-Jacques Annaud, tous deux oscar du meilleur film étranger. Jacques Perrin estimait que « l’exemplarité » était la chose la plus nécessaire : « Des gens qui nous permettent de croire. Comme un Jean Moulin dans la Résistance. On vit de sombres temps, disait Brecht. Mais la clarté, c’est une histoire d’ombre »
Vendredi, journée de la terre, il aurait été judicieux que les chaînes de télé programment en hommage à Jacques Perrin l'un de ses documentaires. Seul Mycanal en propose. A la place, seules France 5 a diffusé Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer, et Arte Les demoiselles de Rochefort. Dans ces deux films, Jacques Perrin interprète un marin.
Un rôle qui lui sied bien, car ado, l'acteur a oeuvré comme mousse sur un chalutier. Les histoires de ses coéquipiers habitués des mers lointaines ont conforté son goût de l'aventure et de l'évasion. Enfant placé en pension, il passait ses nuits d'insomnie à s’imaginer « partir ailleurs », « respirer autrement ».
« Ce bien-être que nous cherchons, il nous est donné par la beauté du monde. L'observer, la contempler, c'est un principe de régénération comme l'oxygène. » (interview Le figaro, 2016)
Je partage entièrement son avis, moi qui me rends tous les jours au parc voir les petits canards pour oublier l'actualité et mieux dormir la nuit.
Jacques Perrin m'a émue grâce à ses films en tant que réalisateur, mais aussi comme acteur, par exemple dans cette scène de cinéma paradiso, avec la musique d'Ennio Morricone. (voir mon hommage au compositeur en lien).
Je vous laisse, je vais chouiner devant Le peuple migrateur.
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10/10/2021
Jean Rochefort, le grand duc est mort : 4 ans déjà
Texte initialement publié en apprenant la nouvelle :
Le 10/10. Je reçois deux sms simultanément. De membres de la famille. Pour qu'ils me contactent, c'est qu'ils ont quelque chose d'important à révéler. Pour qu'ils soient deux, c'est grave. Je comprends tout de suite qu'il y a eu un décès.
Le message fatidique apparaît :
« - T'as vu qui est mort ? Le capitaine a pris la mer. »
Capitaine, mon capitaine ? Robin Williams est déjà mort (lire en lien mon hommage). Captain igloo ? Aussi. Qui a joué le rôle d'un capitaine ?
- « Vois-tu Marthe, quand le bateau de la vie est déjà loin sur la mer, le capitaine doit savoir faire le point dans la tempête. Et pour cela, il a parfois besoin de s'isoler, de prendre du recul avec l’équipage. Et quand les étoiles… »
Quoi ?! Ce capitaine là ? Celui du Crabe-tambour ? Celui de mon top dix des comédies cultes, celui d'Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis ? La plus belle moustache du cinéma français (oui, avant Patrick Dewaere) la plus belle voix de France ex-æquo avec Jean-Pierre Marielle ? Le grand duc ? Lui ?
Non, impossible, je refuse. C'est une erreur. Il est trop cool, trop jovial, un éternel adolescent, avec ses baskets et ses reprises des grands classiques à la sauce « jeune » avec les boloss des belles lettres. (voir en lien madame Bovary version 2000). Il est intemporel, traverse toutes les générations, immortel, rien ne peut l'abattre. Même à 87 ans.
Quand Claude Rich est mort récemment à 88 ans, puis Mireille d'Arc à 79 ans, j'y ai tout de suite pensé : « qui sera le prochain de cette génération ? » Belmondo (84 ans), inimaginable. (NDLR : HUM. 4 ans après : Bébel le magnifique s'en va aussi...) Jean-Pierre Marielle, (85 ans) n'en parlons pas (Re HUM. J'étais tellement sonnée que je n'ai même pas écrit d'hommage...) Rochefort ? Bien sûr que non. Don Quichotte restera là à se battre contre les moulins à vent. (regardez l'incroyable Lost in la mancha sur le tournage maudit de Terry Gilliam.)
Le couperet attendait depuis le décès de Philippe Noiret en 2006. Rochefort avait fait un vibrant hommage, à voir ici en lien.
« Vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre. » Il faut se rendre à l'évidence. Jean Rochefort est mort. Nous irons tous au Paradis avec lui.
Comme pour tous les Français, Jean Rochefort était pour moi un monument, il faisait partie de ma vie. Enfant, j'écoutais sa belle voix grave me lire des contes sur 45 tours, et j'étais triste d'entendre la clochette pour tourner le disque ou annoncer sa fin : c'était trop court, je le remettais inlassablement. 30 ans après, je connais encore le conte par cœur, j'ai encore la voix de Rochefort dans les oreilles. Je le regardais aussi à la télé présenter les aventures de Winnie l'ourson.
Puis je l'ai vu dans les films populaires du dimanche soir sur TF1, même si enfant je ne comprenais pas tout (« mais pourquoi le monsieur il est au lit avec la dame ? Mais c'est pas sa femme ? » les enfants sont très puritains). Mais comme toute la famille riait, je riais moi aussi. Je l'adorais en fidèle lieutenant de Belmondo dans Cartouche ou Les tribulations d'un Chinois en Chine. Leur complicité transperçait l'écran.
Les deux acolytes se sont connus au conservatoire, avec Marielle, Bruno Cremer, Claude Rich, Philippe Noiret, Annie Girardot... Ils ont fait les 400 coups ensemble, faisant voler en éclat les certitudes de leurs vieux profs de théâtre bougons et ringards, anecdotes croustillantes qu'ils révèlent dans leurs autobiographies (par exemple dans celle de Belmondo ici). Une amitié indéfectible qui les unira jusqu'à ce que la mort les sépare.
Comme la plupart de ses compères cabotins, le jeune Rochefort faisait le désespoir de son père. Rêveur farfelu, il délaissait ses études. Son paternel le rêvait comptable et le comparait à son frère, brillant polytechnicien droit dans ses bottes, lui. Jean accepte à 16 ans un poste à la banque de France, mais s'y ennuie ferme. Il se rebelle enfin à 19 ans, se pointe devant le conservatoire, hésite encore à braver son père en attendant 4 heures avant de pousser la porte. Mais il s'est trompé : c'était le conservatoire de musique… Il prend enfin des cours de théâtre, où il rencontre ses potes fanfarons, piètres acteurs pour leurs professeurs, mais qui seront les modèles des générations futures. Rochefort rate cependant le concours d'entrée au conservatoire et songe au suicide. C'est son ami Marielle qui le convainc d'auditionner pour une compagnie, lui fait répéter son texte, l’accompagne à l’audition, où Rochefort est pris et entame sa longue carrière. Il traîne son flegme et son humour simultanément tendre et sarcastique dans plus de 120 films. "Quand on veut amuser les autres, on se doit d'être douloureux soi-même".
Le plus souvent abonné aux seconds rôles, Jean Rochefort a joué dans les comédies françaises les plus populaires, mais aussi des rôles tragiques comme L'horloger de Saint Paul de Tavernier. Avec ce dernier, il joue aussi dans Que la fête commence.
L'acteur reste fidèle aux mêmes réalisateurs. Tout particulièrement Yves Robert, pour lequel il tient un rôle dans Le grand blond avec une chaussure noire, Courage fuyons (voir extrait très drôle en lien), Le bal des casse pieds et bien sûr Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis. Vous pouvez relire ici les meilleures répliques.
Rochefort joue aussi dans de grands films de Patrice Leconte. Je l'apprécie particulièrement dans le très fin Ridicule qui rivalise de mots d'esprits et dans l'émouvant Tandem. Dans ce film, l'acteur interprète un présentateur de jeu radiophonique un peu ringard qui sillonne les villes de France, avec son ingénieur du son timide, pour lequel il apparaît comme un mentor. Son émission va être supprimée, ses certitudes et sa vision du monde volent en éclats. (Voir son coup de gueule contre les gens en jogging... ) L'émouvante chanson il mio rifugio a été composée exprès pour le film. Du duo Rochefort/ Leconte, Le mari de la coiffeuse m'avait touchée, par sa vision poétique et passionnée de la vie conjugale. J'ai adoré voir réuni le trio de choc Rochefort/Marielle/Noiret dans Les grands ducs.
Jean Rochefort collabore avec les réalisateurs les plus drôles : Pierre Salvadori dans le film à l'humour noir Cible émouvante (voir en lien), Bertrand Blier avec Calmos, Audiard (comment réussir quand on est con et pleurnichard) Philippe De Broca, Francis Veber (Le placard), mais aussi Etienne Chatiliez, Edouard Molinaro, Alain Chabat, Laurent Baffie, Antoine De Caunes, Edouard Baer…
Depuis hier, j'ai en tête la musique planante que Vladimir Cosma a composé pour Un éléphant ça trompe énormément. (à écouter en lien). Le bruit de la mer, des mouettes, qui incitent à la rêverie et à la nostalgie d'un paradis perdu... Tu nous manqueras Jean.
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09/09/2021
Bébel le magnifique
Lundi 6 septembre. Je me remets enfin à publier après un mois de pause (l'été, c'est congés). Je vais sur Twitter pour mettre mon article en lien, puis lire les mots en tendance, afin de connaître l'actualité et l'état d'esprit de mes concitoyens. Habitude qui me laisse le plus souvent désemparée, mais je ne peux m'empêcher d'ouvrir cette boîte de Pandore, cette chambre de Barbe-bleue cachant des horreurs. Soit les mots en tendance twitter rassemblent des polémiques plus ou moins (surtout +) stériles, soit ce sont des noms de personnes, et quand ces dernières sont âgées, les tweets annoncent le plus souvent une réalité inéluctable.
Je lis "Belmondo". Mon cœur s'arrête comme le sien, puis je me raisonne : "non c'est impossible, on sait tous qu'il est immortel, surtout après son AVC qui devait le laisser paralysé et muet, mais qu'il a vaincu comme le super héros qu'il était. Non, c'est comme le "Elton John" de la semaine dernière, où j'avais protesté : "Je vais le voir en concert dans un mois, déjà que ça devait être en 2020 et reporté à cause du covid, il ne va pas clamser maintenant, comme le batteur des Rolling stones juste avant la tournée ! Qu'il attende au moins la fin du concert pour mourir sur scène comme Molière !" (je plaisante hein). En réalité le "Elton John" en tendance twitter présentait simplement un nouveau single promo.
Belmondo en top tweet annonce peut-être une récompense pour sa carrière, ses 80 films… J'hésite à cliquer, car j'ai peur de la réponse. Mais je ne peux pas faire l'autruche, si un drame s'est produit, tôt ou tard, je l'apprendrais. Je retiens mon souffle, puis je me lance.
Immédiatement je tombe sur une photo accompagnée de ces mots : "Belmondo est décédé…" Je ne lis pas la suite, par réflexe je me bouche les oreilles (plutôt que les yeux : je lisais pourtant, je n'entendais rien !) Je m'exclame : "NOOOON !" La fenêtre est ouverte (il fait 30 degrés) tout le quartier entend mon désespoir. Tout twitter (mes 12 millions de fans) peut le lire ensuite, car je ne peux le contenir, il faut que je partage ma peine. Chagrin qui se noie sous une vague déferlante d'hommages. Comme le décès de Bacri, la mort de Bebel est un choc et je me souviendrais toujours du moment où j'ai appris la nouvelle (lire en lien). Les deux acteurs incarnaient deux facettes opposées, mais pourtant emblématiques des Français : le râleur et le charmeur.
D'autres noms apparaissent ensuite en tendance twitter : Gérard Depardieu, Alain Delon... Depardieu a fait un coma éthylique en apprenant la nouvelle ? Delon n'a pas supporté la mort de celui auquel on l'associait depuis 60 ans, et est parti avec lui, comme les vieux couples où l'un ne survit pas au décès de l'autre ? Il n'a pas supporté que Belmondo aie le haut de l'affiche, l'inverse de la rivalité de Borsalino ?
Non, c'est juste un loto macabre : "à qui le tour ?" Qui sera le dernier des mohicans ? Je pense à Pierre Richard, 87 ans, Trintignant, 90, Michel Bouquet, 95 ans, que j'ai vu tremblant sur scène en 2013 dans Le roi se meurt, mais qui résiste toujours...
Je ne supporte plus ses pensées morbides (mais pas prophétiques ! non !) et je pars m'aérer dans le parc voir les petits canards. Pour reprendre un tweet devenu célèbre et souvent parodié depuis, écrit par un internaute en apprenant la destruction de Notre dame : "Je suis dehors. Je me suis enfuie de table (j'ai appris la nouvelle à 16h30, donc l'heure du goûter). Je peux pas gérer. .J'y arrive pas. Je suis seule à pleurer dehors parce que putain c'est Belmondo et j'ai l'impression de crever."
J'exagère évidemment. J'ai réussi à ne pas chouiner, même quand le JT de france2 s'est terminé par un sadique défilé d'images de l'acteur, sur la musique tristissime du professionnel ou de royal canin, qui a traumatisé toute une génération d'enfants.
Bebel m'a accompagnée toute ma vie. Petite, la déprime de la fin du weekend était atténuée par ciné dimanche, les films populaires de TF1, et donc, le plus souvent, des films avec Belmondo. Le générique de l'émission, puis celui de Gaumont, ( à revoir en lien) créaient l'attente des aventures de l'acteur : des histoires rocambolesques qui permettaient d'oublier qu'on avait école le lendemain. En cliquant sur les génériques en lien, j'éprouve à nouveau les frissons qui me parcouraient enfant. Aujourd'hui, je ne regarde quasiment plus les films populaires de TF1 et j'admets ne pas avoir revu la plupart des Bébel depuis, surtout les "toc toc badaboum" aux scénarios parfois grossiers, qu'il était de bon ton de décrier à la fac de ciné.
Mais Le magnifique reste l'une de mes comédies préférées, et j'ai hésité à mettre en bannière du blog, à la place de Dewaere dans Coup de tête, son personnage François Merlin auquel je m'identifie.
Bébel et son éternel sourire, son cabotinage enfantin, m'ont permis d'espérer que même dans les situations les plus dramatiques, on pouvait s'en sortir. Même son personnage le plus abattu par la vie qu'était François Merlin dans le magnifique surmonte les obstacles en créant Bob saint-Clar. Il illustre l'idée de Boris Cyrulnik : l'acte d'écrire permet la résilience (à lire en lien).
La vie n'est pas un film, mais la vie incroyable de Belmondo l'était. Lui et ses compagnons (Rochefort, De Broca etc.) ont survécu aux horreurs de la guerre et ont décidé ensuite de rire de tout et de profiter à fond. Comme il l'explique dans son autobiographie au titre judicieux, 1000 vies valent mieux qu'une :
"Pour des raisons communes, (avec Philippe de Broca) nous avions choisi de rester des enfants qui jouent, qui transgressent, qui se comportent de façon inconséquente.
Derrière nous, il y avait eu la guerre de 1939, et surtout, l'Algérie. (...) Après avoir assisté à toutes les horreurs commises là-bas par des adultes, il n'a plus jamais voulu en être un. Ce qui m'arrangeait considérablement."
Belmondo avait vu partir ses amis les uns après les autres, Rochefort, Marielle (je n'ai même pas eu le courage de rendre hommage à la plus belle voix du monde) Claude Rich et les autres. Et que serait Bébel sans sa fameuse bande de "copains du dimanche" (le nom prophétique de son premier film) avec laquelle il a fait les 400 coups ? Ou plutôt, pour continuer la comparaison avec son œuvre, avec qui il a fait "le guignolo", "l'incorrigible", le "tendre voyou", "le magnifique", "l'as des as"...
Bébel était tout cela à la fois. Autre point positif que l'on peut tirer de son décès largement médiatisé : les nouvelles générations vont découvrir l'itinéraire de cet enfant gâté, à travers les nombreux hommages rendus à la télé et même sur Netflix. Certains jeunes comme mes neveux fans de OSS 117 vont connaître celui qui a inspiré Jean Dujardin, le magnifique Bob Saint Clar. Pour moi, mon modèle reste son créateur, François Merlin, l'enchanteur qui sublime sa vie morose à travers son œuvre, comme Belmondo a enchanté nos vies par ses films.
à suivre...
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06/09/2021
OSS 117, alerte rouge en Afrique noire
En découvrant il y a quelque temps qu'un troisième OSS était en préparation, j'étais euphorique : enfin la suite des films cultes dont je connais les dialogues par coeur ! L'enthousiasme retombe comme un soufflé en apprenant que Michel Hazanavicius ne réaliserait pas OSS 3. Qui d'autre pour égaler l'esprit parodique qu'il montrait dans La classe américaine (voir film complet en lien), dans les sketchs des Nuls ou son multi-oscarisé The artist ?
Nicolas Bedos. Ses réflexions narcissiques et grandiloquentes m'horripilent, surtout la fameuse anti restrictions sanitaires en pleine pandémie : « Vivez à fond, tombez malades, allez au restaurant […] Nous devons vivre, quitte à mourrir ». (sic) Il ne manque pas d'r, contrairement à ceux qui agonisent dans les hôpitaux. Dans son film La belle époque (voir en lien), si j'ai apprécié le personnage de Daniel Auteuil, j'ai été atterrée par l'exhibitionnisme malsain de l'histoire glauque de Bedos avec sa compagne Doria Tillier (ce qui m'a découragée de regarder son précédent film, M. et mme Adelman, car cette "passion" tient la place centrale). En revanche, j'ai salué sa soigneuse reconstitution des années 80.
Ce talent se remarque à nouveau dans ce dernier OSS, qui se déroule en 1981, juste avant l'arrivée au pouvoir de Mitterrand et des "ses chars communistes". Dès le générique parodiant les James Bond, on est plongé dans de nombreuses références aux films d'espionnage de l'époque.
Je m'attendais tellement à être déçue par ce dernier OSS que finalement, j'ai été agréablement surprise. J'ai souvent éclaté de rire.
Dans ce nouveau film, OSS 117 n'est plus seul : il a un rival, le jeune 1001, bien plus au fait des moeurs de son temps.
L'ajout de Pierre Niney est judicieux : c'est un excellent acteur qui vole parfois la vedette à Dujardin (dans la série La flamme par exemple, regroupant pourtant une multitude de comédiens talentueux, il est celui qui m'a le plus marquée). Son rôle vient ringardiser et remettre en cause l'assurance machiste d'OSS. Mais il se fait au détriment des personnages féminins, qui restent très secondaires contrairement aux précédents films. Dans ceux d'Hazanavicius, OSS était remis à sa place par sa coéquipière, ou la plupart du temps se mettait dans la panade tout seul. Hazanavicius faisait confiance à l'intelligence et au second degré du spectateur pour comprendre qu'OSS est un vieux con. Dans le film de Bedos, le rôle de Pierre Niney explique un peu trop ce que OSS fait et dit de mal, et lui montre comment doit se comporter un bon espion et un homme respectueux des femmes. j'ai eu l'impression que le rôle de 1001 servait surtout à nuancer l'outrance de 117 : "attention, vous ne pouvez pas dire ça".
Hazanavicius présentait un OSS enchaînant les pires horreurs en totale liberté. J'ai pensé que Bedos s'était retenu d'être trop irrévérencieux afin de ne blesser personne, mais aussi de ne pas être confondu avec son anti-héros : par exemple, le réalisateur narcissique ne peut pas s'empêcher de faire un caméo et d'apparaître à l'écran, avec pour seule réplique se moquer d'OSS, comme s'il disait au spectateur : "c'est pas bien les enfants d'agir comme lui, et moi je suis pas comme lui hein !"
Dans les deux premiers OSS, chaque réplique est culte. Alors que dans le film de Bedos, les meilleures vannes restent dans la bande annonce. Hazanavicius a refusé de tourner ce film car il a jugé le scénario trop faible. Effectivement, non seulement les dialogues truculents ne sont pas assez nombreux, mais l'histoire aussi s'étire. Même si j'ai passé un très bon moment, j'ai trouvé le film trop long et moins drôle.
Pour conclure sur de l'humour noir, le rôle d'Armand Lesignac, le directeur de la DGSE, était tenu dans le premier film par Claude Brosset. Il est mort un an après. Il a ensuite été remplacé par Pierre Bellemare. Décédé un an avant le tournage du deuxième film. Wladimir Yordanoff lui succède. Décédé un an après. Qui pour reprendre ce rôle maudit dans un prochain volet de la saga ?
16:45 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma français, comédies, oss 117 | | Facebook
15/06/2021
Bilan culture de mai
Oui je sais on est mi-juin. Mais j'étais trop occupée par ma nouvelle activité : faire un puzzle, alors que ma dernière expérience dans le domaine remonte au millénaire dernier avec un dessin Winnie l'ourson de 30 pièces. Je me suis donc fort logiquement lancée directement dans un puzzle 30 fois plus grand, un peu comme si quelqu'un qui ne connaît le sport qu'à travers les matchs de l'euro sur sa télé se lançait directement dans un marathon. Telle une poule devant un tournevis, je regarde chaque pièce une par une en me demandant ce qu'elle représente : un bout de chat ? une fleur ? Elle va à droite, à gauche ? Et la tâche n'étant pas assez facile, je suis daltonienne. J'avais réussi à regrouper des pièces de chat bleu (à moins qu'il soit noir ?) avant de me rendre compte en fait qu'elles représentaient le sol violet (marron ?) Je me retrouve actuellement coincée avec des pièces vertes et grises alors que je n'en vois pas sur le dessin. Je délaisse ainsi au bout de 3 semaines le puzzle (je tiens le bon bout : plus que... les 2 tiers) pour revenir à quelque chose que je connais un peu mieux : écrire des bilans. J'ai rédigé des critiques pour chaque film et documentaires, que je publierai plus tard, si je n'oublie pas comme souvent de le faire !
J'essaie toujours de voir ou d'écouter un documentaire par jour, mais je galérais et me concentrais tellement sur mon puzzle que je n'ai presque pas retenu ce que je regardais. Sur la trentaine de doc, je n'en retiens qu'une quinzaine :
DOCUMENTAIRES :
A voir absolument :
- La bataille de Tchernobyl à voir en lien
500 000 "liquidateurs" se sont sacrifiés pour éviter que la catastrophe de la centrale nucléaire empire et que la moitié de l'Europe soit inhabitable. Leur récompense ? une prime de 100 roubles (environ 100 euros) aucune reconnaissance de leurs nombreuses maladies qui les tuent à petit feu, enfin pour ceux qui ne sont pas morts rapidement... Effrayant.
- La commune, portraits d'une révolution, Fr5, en lien jusqu'au 01/07
L'art de la propagande à travers des photomontages anti-communards, ou à l'inverse des images magnifiant leur combat. Très instructif et toujours actuel : cette bataille des images communardes et versaillaises nous rappellent qu’un témoignage n’est pas neutre... Voir mon article ici.
- Sugarman de Malik Bendjelloul
L’incroyable histoire vraie d'un musicien dont les albums ont fait des flops en Amérique. Fauché, il est contraint de vivre de petits boulots. Pourtant, son talent est indéniable et sa voix éraillée, ses chansons à texte réalistes et poétiques rappellent voire surpassent Bob Dylan. Jusqu'à ce que 30 ans plus tard, on découvre qu'il est une immense star en Afrique du Sud, plus célèbre que les Rolling Stones... Une enquête pleine d'émotion et d'espoir, avec un artiste à la personnalité hors normes, humain, simple et philosophe.
Société :
A voir :
- Homothérapie, conversion forcée, arte jusqu'au 15/08
- Nos données personnelles valent de l'or, cash investigation jusqu'au 20/02
- Très chers colis ! envoyé spécial, jusqu'au 10/07
Pas mal :
- Travail, salaire, profit, épisode 1, travail. Arte.tv, jusqu'au 19/10
- Les fils de Sam en 4 épisodes sur Netflix
Portraits :
- Sophie Scholl, ces femmes qui ont fait l'histoire, Arte
- François Mitterrand et Anne Pingeot, fragments d'une passion amoureuse, La case du siècle, France.tv
- Hollywood maudit : la porte du paradis, OCS
Sciences et histoire :
- Retour à Tchernobyl, M6
- La guerre de Troie a bien eu lieu, France5, science grand format
- Naachtun, la cité maya oubliée, 2 épisodes
- Les ovnis envahissent l’Europe, Disney+
FILMS :
Coups de cœur :
- Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, 2020
- La fille de Ryan de David Lean, 1970
Les classiques incontournables :
- Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, 1978
Un film qui m'avait traumatisée adolescente. Aujourd'hui, me souvenant des scènes de roulettes russes et ayant vu des documentaires et images d'archives sur la guerre du Vietnam, le film est plus regardable. J'ai surtout été surprise par la longueur du mariage : une heure entière ! (sur 3 heures de film) je me demande si je n'avais pas vu une version courte auparavant.
- Papillon de Franklin J. Schaffner, 1973
Henri "Papillon" Charrière (Steve McQueen) condamné à tort pour un crime qu'il n'a pas commis, est condamné à vie au bagne de Cayenne. Il tente de s'évader à plusieurs reprises, avec l'aide d'autres malfrats (Dustin Hoffman).
Tiré d'une histoire vraie, un film culte effroyable sur les conditions dans les colonies françaises (enfermé 2 ans dans le noir, vraiment ?!) L'épisode qui m'a semblé le plus incroyable est l'escapade paradisiaque chez des Indiens recueillant Papillon, lui donnant une femme... En vérifiant, ce passage aurait été inventé ! Le film serait romancé : si Henri Charrière s'est bien évadé du bagne, il s'attribuerait en réalité les faits et évasions de plusieurs bagnards.
- Les monstres de Dino Risi, 1963
19 sketches interprétés par Vittorio Gassman♥ (Le fanfaron, Nous nous sommes tant aimés..) et Ugo Tognazzi (la cage aux folles) démontrant avec humour noir toute la bassesse humaine. Dommage que la chaîne C8 n'ait pas diffusé sa suite encore plus saisissante selon moi, Les nouveaux monstres...
Bien :
- Le vent se lève de Ken Loach, 2006
- Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait d'Emmanuel Mouret, 2020
- La vallée des loups de Jean-Michel Bertrand, 2016
- Les baronnes d'Andrea Berloff, 2019
Pas mal :
- Le canardeur de Michael Cimino, 1974
- Peppermint candy de Lee Chang-Dong, 2000
Bof :
- Le chat Potté de Chris Miller, 2011
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12/02/2021
Je suis là
Certainement à cause de l'algorithme de Mycanal qui me propose des films selon ceux que j'ai appréciés, je m'aperçois que mes semaines sont à thème :
la première : les loups, les films d'aventure puis les comédies françaises autour des nouvelles technologies.
La 2ème, des histoires vraies et des films fantastiques mettant en scène des enfants orphelins.
La 3ème, des films avec Bacri.
La 4e, des films d'animation, et ici la 5ème, des films d'épouvante se déroulant dans l'eau, puis des films français sur la solitude des réseaux sociaux :
- Je suis là d'Eric Lartigau, 2020, MyCanal
Stéphane est aussi désuet que la déco de son restaurant basque. Pour être "dans le coup", il ouvre un compte Instagram et se met à converser avec une abonnée Coréenne. Se sentant pousser des ailes, cet homme à la vie rangée décide de partir sur un coup de tête retrouver cette inconnue...
Alain Chabat qui s'associe à nouveau au réalisateur de Prête-moi ta main, je pensais être conquise. Mais le charme n'opère plus. Le film comporte de nombreuses longueurs (je l'ai regardé en 2 fois) et des incohérences. Plus que drôle et romantique à l'image de prête moi ta main, il est triste et surtout agaçant, voire consternant. voir bande annonce en lien.
Le héros n'échange que des banalités cordiales et peu de mots "ça va ? - Oui et vous" mais il tombe amoureux de la femme. Il est beaucoup plus vieux qu'elle (Chabat a 62 ans, l'actrice Doona Bae 41) mais s'attend à ce qu'elle lui tombe dans les bras. Surtout, il débarque en Corée sans la prévenir ! Quelle femme saine d'esprit accepterait de rencontrer un pareil forceur ? s'il l'avait prévenue, s'ils avaient eu des échanges amoureux, pourquoi pas, la démarche aurait pu être romantique comme l'annonce le film : quelqu'un qui va au bout de ses rêves, part à l'aventure. Mais là, elle est simplement glauque !
L'illuminé ne comprend absolument pas le problème et harcèle la pauvre femme de messages ("je suis là"), jusqu'à la suivre sur son lieu de travail ! Au lieu de visiter la ville, il l'attend pendant 12 jours à l’aéroport, en dormant sur des fauteuils comme un clochard. Comme il s'ennuie, il tient la jambe de tous les gens qu'il croise pour leur raconter son histoire de fou ("elle va bientôt arriver, il lui faut juste du temps") se prend en photo avec eux sur Instagram, tout en taguant la pauvre femme sur toutes les photos, l'exposant au public alors qu'elle n'a rien demandé.
Le profil de l'aliéné devient viral (j'aimerais savoir comment il passe de 20 à 300 000 abonnés juste en mettant la photo de sa gueule et de la femme de ménage de l'aéroport ? Où est le réalisme ?) Il devient alors célèbre, mais pas sous le nom du "sociopathe qui harcèle les femmes", non, sous le nom du "french lover"!
A notre époque où l'on parle de plus en plus, enfin, de la violence que subissent les femmes harcelées au quotidien, dans la rue, sur les réseaux sociaux, partout, le réalisateur n'a aucune décence de présenter un forceur comme un romantique, comme un être simplement maladroit et touchant !
Il faut dire que la fille a aussi des torts. Quand le forceur lui annonce qu'il débarque à l'improviste à Séoul pour la rencontrer, au lieu de lui expliquer la folie de sa démarche et qu'évidemment, elle ne le rejoindra pas à moins d'être escortée de 12 gardes du corps et d'un psychiatre armé d'une camisole, elle lui répond "d"accord, je vous attend à l'aéroport." Ces personnes passives-agressives m'énervent au plus haut point. Comment le mec peut comprendre où il a merdé si elle ne lui explique pas ? Elle finit par le faire quand il la suit et lui impose une confrontation : "vous manquez d'intelligence émotionnelle, vous ne savez pas comprendre ce qu'attendent et pensent les autres, vous forcez les choses." Mais même avec ces explications limpides, le taré ne saisit toujours pas. Heureusement, contrairement à la vraie vie, l'homme repoussé à juste titre ne devient pas agressif.
Chabat qui erre dans l'aéroport en faisant des rencontres étonnantes m'a rappelé Le terminal avec Tom hanks, le choc des cultures m'a évoqué Lost in translation, mais sans leur subtilité. On se demande pourquoi Alain Chabat s'est laissé embarquer dans ce film sordide, en tout cas il ne m'a pas emmenée au 7ème ciel ! Autre reproche : pourquoi Blanche Gardin se sent-elle obligée d'imiter aussi mal l'accent basque ?
16:28 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma français | | Facebook
04/02/2021
Les films fantastiques de janvier
- Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona, 2016
Le jeune Conor est moqué par ses camarades à l'école. A la maison, il supporte sa mère malade (Felicity Jones) et sa grand-mère acariâtre (Sigourney Weaver). Il fuit ses problèmes la nuit dans ses rêves, où un mystérieux arbre (avec la voix de Liam Neeson) lui narre des contes, dont la sagesse apprend à l'enfant à surmonter les épreuves....
La genèse du film est bouleversante. Atteinte d'un cancer du sein et sentant sa mort prochaine, l'autrice de livres pour enfants Siobhan Dowd, a eu cette idée de conte permettant de surmonter le deuil. Elle n'a malheureusement pas eu le temps de l'écrire, elle est décédée avant, à 47 ans.
L'esthétique et les morales des contes dessinés m'ont fait penser aux Contes de la nuit d'Ocelot. L'enfant triste qui fuit la dure réalité grâce à une créature imaginaire me rappelle Le labyrinthe de Pan (cliquez sur la berceuse sublime mais la plus triste du monde en lien). Il m'a aussi rappelé L'orphelinat, réalisé lui aussi par Bayona..
Les thèmes de la famille et du deuil se retrouvent dans la filmographie du réalisateur, à travers l'orphelinat et The impossible (l'histoire vraie d'une famille séparée par le tsunami de 2004 en Thaïlande, avec Naomi Watts et Ewann McGregor).
- La dernière vie de Simon de Léo Karmann, 2019
Autre histoire fantastique avec un enfant orphelin, Simon désespère d'être adopté un jour. A l'occasion d'une sortie, il rencontre une fratrie de son âge. On l'autorise à passer un week-end dans cette famille chaleureuse, et Simon révèle son secret à ses nouveaux frères de coeur : il peut se transformer en la personne qu'il souhaite...
Une idée très originale, malheureusement elle traîne en longueur, avec des incohérences, une musique envahissante et des excès de sensiblerie horripilants. Les fils de Sam Karmann ("on peut tromper 1000 fois 1 personne. Non..") sont vus comme les Spielberg français, je n'irai pas jusque-là !
- The room de Christian Volckman, 2019
Encore un film fantastique français, mais bien meilleur selon moi. Un couple emménage dans une maison isolée. Il y découvre une pièce qui exauce tous leurs désirs... voir bande annonce en lien.
Le sujet du jeune couple qui se met en ménage et se retrouve piégé par un gosse m'a fait penser à Vivarium (voir ma critique en lien) mais en beaucoup moins flippant. En vérifiant le dossier presse, je constate que le film s'inspire aussi de la nouvelle de Richard Matheson, The box. Je l'ai pourtant lu, vu son adaptation dans la série la 5ème dimension et le film réalisé par Richard Kelly (Donnie Darko) avec Cameron Diaz, je n'avais pas saisi la ressemblance ! Agréablement surprise par ce film au pitch original et malin (je les lis rarement avant de commencer un film, pour garder la surprise).
19:23 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma fantastique, cinéma français | | Facebook
03/02/2021
Les éblouis, Skippy le grand gourou
Les souvenirs d'enfance de la réalisatrice Sarah Suco, embrigadée dans une secte avec sa famille. Même si elle ne croyait pas aux rites absurdes, elle n'avait aucun endroit où aller, car elle n'avait que 8 ans à l'époque. Elle a fugué mais les flics l'ont ramené chez ses parents, donc dans la communauté ! Elle a pu s'enfuir à sa majorité 10 ans plus tard, emportant ses frères et soeurs avec elle. Elle n'a jamais revu ses parents, qui sont toujours dans la secte.
On estime que 50 000 enfants seraient retenus de force en France dans ces communautés. La miviludes qui lutte contre les sectes a pourtant vu ses moyens réduits en 2020.
Tout bien que tu détiens, est un souci qui te retient. et skippy le grand gourou est là pour te libérer de tous tes soucis.
Le mécanisme des sectes est toujours le même et est dévoilé dans le film :
- Repérer des personnes fragilisées, qui se sentent isolées, incomprises, qui traversent une mauvaise période (deuil, rupture, maladie...).
- A ces gens qui se posent des questions insolubles, leur donner des réponses toutes faites (parce que tu as été violée dans ton enfance, etc..)
- La secte leur donne ensuite des solutions (rompt avec ta famille, ton travail, viens vivre avec nous, on s'occupera de toi. Comme on te loge et t'aide, donne nous tes sous)
- et des rituels stricts à suivre (prier 10 fois par jour, se lever à l'aube) pour officiellement trouver la sérénité, mais officieusement, les soumettre à des rites absurdes, qui prennent du temps et fatiguent, pour les empêcher de penser (cette secte : bêler pour accueillir leur gourou. Oui, bêler pour de vrai, car ils sont des "moutons" et le gourou "le berger qui leur montre le chemin" !)
- Les sectes sont hiérarchisées, les adeptes doivent faire de + en + d'efforts, passer du temps et de l'argent, être de + en + soumis, pour espérer monter en grade, "être un bon croyant."
- Si la personne refuse de se soumettre aux pratiques ridicules (bêler !!!), c'est qu'elle ne veut pas s'améliorer ni guérir. Elle se retrouverait exclue de la communauté, dont elle est devenue dépendante : elle a coupé les ponts avec ses proches, tous ses nouveaux amis appartiennent à la secte, elle habite avec, elle lui a filé tout son fric. Comme elle n'a plus de lien avec le monde extérieur, la victime se sent obligée de rester.
- Si jamais certains doutent, les autres adeptes qui acceptent sans broncher les remettent dans le chemin. C'est l'effet de groupe, si tout le monde le fait, c'est que ça doit être normal !
- L'emprise est si forte que le sens critique n'existe plus, le gourou pense à la place de ses adeptes, qui acceptent tout, y compris les viols, et sur les enfants.
- Le monde extérieur à la communauté est montré comme mauvais, seuls ceux qui appartiennent à la secte et se soumettent à ses lois trouveront le salut. Le gourou fait croire qu'il comprend ses adeptes (nous on est là pour toi), leur propose aide et soutien, leur dit qu'ils sont victimes, que leur malheur vient des autres et qu'il faut donc les éviter.
J'ai pourtant regardé de nombreux documentaires sur le sujet, je peine toujours à comprendre comment on peut se faire embobiner à ce point. Sarah Suco a mis 10 ans pour digérer son histoire et la transcender dans ce film. La jeune Céleste Brunnquell crève l'écran, je lui prédis une belle carrière (on la verra demain sur Arte dans la série En thérapie, dont j'ai adoré la version américaine).
Grâce au grand gourou Skippy, j'ai retrouvé une totale liberté de pensée cosmique vers un nouvel âge réminiscent. Et grâce au témoignage de la réalisatrice, les agissements des sectes sont dénoncés. Un film à voir.
19:57 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les éblouis, cinéma français, cinéma | | Facebook
02/02/2021
Bilan "je suis culturée" semaine 4
6 FILMS :
Animation :
Bien :
- Soul de Peter Docter, 2020, Disney
- Rox et Rouky, 1981, Disney
- Les aristochats, 1971, Disney
Bof :
- Les enfants de la mer de Ayumu Watanabe, 2019, Canal+
Bien :
- Appaloosa de Ed Harris, 2008
- Argo de Ben Affleck, 2012
2 SERIES :
Coup de coeur :
- Ovni(s), Canal+
Pas mal :
- Lupin, Netflix
4 DOCUMENTAIRES :
Bien :
- La science des émotions : se réconcilier avec, episode 1, Planète
Pas mal :
- Nazis, la fabrique du mal : Goering, Histoire
- Cosmos, épisode 1 et 2 : vers les étoiles et zone habitable éphémère, Disney
- C'est un complot ! On n'a pas marché sur la Lune, Histoire
1 LIVRE :
- Quelques artistes et gens de lettres, Sempé
17:23 Publié dans Je suis culturée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : série, cinéma, cinéma français, canal+, netflix | | Facebook
30/01/2021
Bilan "je suis culturée" semaine 3
Oui on est presque à la 4, mais la disparition de Bacri a bouleversé mon programme.
10 FILMS :
Hommage à Bacri :
Coup de coeur :
- Le goût des autres d'Agnès Jaoui, 2000
Voir article en lien.
- On connaît la chanson d'Alain Resnais, 1997
Voir article en lien.
- Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré, 1989
- Le sens de la fête d'Olivier Nakache et Éric Toledano, 2017
Les réalisateurs excellent dans la comédie de groupe (Nos jours heureux, Tellement proches) ils peignent à merveille les personnages et leur donnent des répliques hilarantes.
- Didier d'Alain Chabat, 1997
Un chien se transforme en humain... Il faut apprécier l'humour absurde et le ridicule, certains adhèrent, d'autres pas. Je fais partie de la première catégorie.
Pas mal :
- La baule les pins de Diane Kurys, 1990
Je l'avais déjà vu, mais comme souvent avec les films de la réalisatrice de Diabolo menthe, je n'arrive pas à m'identifier à ces personnages, inspirés de sa vie réelle, car on n'a pas vécu les mêmes choses. Les petits problèmes de bourgeois qui passent l'été dans la station balnéaire guindée ne me touchent pas. Puis des faits m'avaient beaucoup choquée enfant et toujours adulte : quand ils abandonnent le chien à la fin de l'été, quand ils écrasent leur chat en voiture, quand ils rient en tuant les poissons en les empoisonnant. Non vraiment, je ne peux pas apprécier ce genre de personnes.
- Une femme de ménage de Claude Berri, 2002
Autre idée à laquelle je ne peux adhérer : un quinquagénaire qui fantasme sur sa femme de ménage de 30 ans de moins que lui. C'est juste répugnant. Et les clichés, sur la femme de ménage forcément conne et inculte qui écouter du rap, le vieux forcément intelligent cultivé et misanthrope qui écoute du classique... En plus le film est interminable, de longues scènes où ils en se passent pas grand chose (Bacri au café, Bacri qui se fait à manger... )
- Au bout du conte d'Agnès Jaoui 2013
- Comme une image d'Agnès Jaoui 2004
Encore un vieil acariâtre qui se tape une fille absolument sublime (Virginie Desarnauts) qui a l'âge de sa fille, une gentille qui subit toutes ses sautes d'humeur, non je n'en peux plus. Vivement l'inverse, voir des cougars ! J'adore les Jacri, mais ils n'ont pas écrit que des chefs-d'oeuvre. Au bout du conte et comme une image m'ont ennuyée à leur sortie, et toujours en les revoyant.
- Impitoyable de Clint Eastwood, 1992
7 DOCUMENTAIRES :
Coup de coeur :
- Les lycéens, le traître et les nazis, Infrarouge, France 2
A voir en lien jusqu'au 20 mars
Bien :
- Les guerrières vikings, Arte
- L'hypersensibilité, France inter
- Les trésors perdus des Mayas, 2 épisodes, Disney
Pas mal :
- La vie de Brian Jones, Arte
- Boris Johnson, l'illusionnaire du Brexit, Le monde en face, France 5
2 LIVRES :
Pas mal :
- Présumées coupables, les grands procès faits aux femmes
- Le futur ne recule jamais, Le Voutch
14:39 Publié dans Je suis culturée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, documentaire, cinéma français | | Facebook